Des milliers d’agriculteurs en colère ont mis en place des barrages filtrants sur les principaux axes routiers de France ce lundi 18 novembre 2024. Un mouvement de contestation d’une ampleur inédite qui a provoqué d’importantes perturbations du trafic dans tout le pays.
Dès 6h du matin, les tracteurs se sont positionnés aux points stratégiques pour bloquer la circulation, en particulier sur les autoroutes et routes nationales. Des bouchons monstres de plusieurs kilomètres se sont rapidement formés aux abords des grandes métropoles comme Paris, Lyon, Bordeaux ou Toulouse.
L’accord Mercosur, déclencheur de la grève
Le principal motif de la grogne des agriculteurs est le controversé accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Conclu en juin 2019 après 20 ans de négociations, ce traité de libre-échange vise à faciliter les exportations entre les deux zones.
Mais pour le monde agricole français, cet accord est perçu comme une grave menace. Les paysans redoutent un afflux massif sur le marché européen de produits sud-américains à bas coûts comme la viande bovine ou le soja, avec lesquels ils ne peuvent rivaliser. Ils dénoncent aussi les différences de normes sanitaires et environnementales.
Malgré les efforts du gouvernement pour les rassurer, les syndicats agricoles restent vent debout contre le Mercosur. La FNSEA a appelé à une opposition ferme lors de la ratification du texte prévue début 2025.
Hausse des coûts et baisse des aides, le ras-le-bol des paysans
Au-delà du traité, la colère des agriculteurs se nourrit d’un contexte économique de plus en plus difficile. Avec la flambée des prix du carburant, des engrais et de l’alimentation animale, les coûts de production ont explosé ces dernières années. Dans le même temps, les prix de vente restent tirés vers le bas par la concurrence et les marges s’effritent.
S’ajoute à cela l’incertitude sur l’avenir de la Politique Agricole Commune (PAC). Cette aide européenne cruciale pour de nombreuses exploitations est en pleine renégociation. Sa réforme, qui doit entrer progressivement en vigueur à partir de 2025, prévoit une réduction des paiements directs au profit de mesures plus vertes. De quoi inquiéter une profession déjà fragilisée.
Face à ces défis, le monde paysan réclame un soutien public beaucoup plus affirmé. Pour les manifestants, l’État doit s’engager davantage pour assurer la pérennité d’une agriculture française de qualité et rémunératrice.
Toute la France impactée par les barrages
Parti des régions d’élevage comme la Bretagne ou le Limousin, le mouvement s’est vite étendu à l’ensemble du territoire. Selon la FNSEA, près de 10 000 agriculteurs ont pris part à la mobilisation, déployant des centaines de points de blocage.
L’Île-de-France a été particulièrement touchée avec plusieurs barrages sur l’A10 et la N118. L’accès à la capitale depuis le sud a été quasiment impossible une bonne partie de la journée. Le trafic a aussi été très perturbé aux abords de villes comme Rennes, Clermont-Ferrand ou Reims.
Dans le Sud-Ouest, les viticulteurs se sont joints au mouvement, filtrant la circulation sur l’A62 et l’A61 entre Bordeaux et Narbonne. Des opérations escargot de tracteurs ont aussi ralenti les échanges entre l’Espagne et la vallée du Rhône.
Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises pour libérer des axes, déclenchant quelques face-à-face tendus mais sans incidents majeurs. Le ministre de l’Agriculture a appelé chacun « au calme et à la responsabilité » tout en se disant « à l’écoute des revendications légitimes » du monde agricole.
Des conséquences économiques importantes
Cette vaste action coup de poing n’est pas sans effet sur l’activité du pays. Au-delà des très nombreux ralentissements et détours subis par les automobilistes, ce sont surtout les professionnels de la route qui font les frais des barrages.
Tout au long de la journée, de nombreux poids-lourds sont restés bloqués sur les aires d’autoroute, dans l’impossibilité de livrer leurs marchandises. La FNTR, principale organisation des transporteurs routiers, a demandé au gouvernement « des mesures d’accompagnement » pour compenser les pertes de chiffre d’affaires et les pénalités de retard.
Selon les premières estimations, ces blocages pourraient coûter « plusieurs dizaines de millions d’euros » à la profession. Un manque à gagner qui risque de se répercuter in fine sur les consommateurs et l’ensemble de l’économie.
Une pression qui pourrait se maintenir
Déterminés, de nombreux agriculteurs menacent de durcir le mouvement dans les jours qui viennent si le gouvernement ne répond pas à leurs attentes. La FNSEA n’exclut pas des « actions plus dures » et un appel à une grève reconductible est même évoqué.
Le premier syndicat agricole exige notamment des « engagements clairs » sur un rééquilibrage de l’accord Mercosur en faveur des agriculteurs européens. Il attend aussi des avancées rapides dans les négociations sur la future PAC pour 2025-2030, avec des aides « plus justes et plus protectrices ».
De son côté, l’exécutif tente pour l’instant d’apaiser la colère par « le dialogue ». Mais face à l’exaspération des paysans, miser sur la patience ne suffira peut-être pas. Le gouvernement parviendra-t-il à désamorcer ce bras de fer engagé par le monde agricole ? Réponse dans les prochains jours.
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